La Problèmatique des Extensions Urbaines & de l'Habitat Informel
20-21 oct. 2024 Batna (Algérie)

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Argumentaire de la Conférence

La plupart des études et des recherches qui abordent la question de l’habitat informel tendent à l'aborder sous des angles et des perspectives qui ne saisissent pas pleinement son essence ni ses exigences (Bardhan et al., 2019; Schneider, 2002) se limitant/focalisant généralement sur certains aspects[1] plutôt que d’autres (Connolly, 2009; Lehmann, 2020; Moser, 1978; Roy, 2009; Soyinka et al., 2021).. Dès lors, la question du l’habitat informel est devenue l’objet de visions fragmentaires selon les domaines d’expertise (Parnell & Oldfield, 2014), entrainant ainsi un morcellement de l'approche et une entrave à la possibilité de comprendre véritablement son essence et d’en proposer une solution globale et durable.

Par ailleurs, les enjeux associés à l'habitat informel ne se limitent pas uniquement à l’étude et à l’analyse de la précarité de l’habitat en lui-même ou à ses contextes particuliers, mais embrassent une gamme beaucoup plus large et complexe d'aspects et de manifestations (Alves, 2018; Deuskar, 2019; Ho, 2014). En effet, ces enjeux se déploient à travers tous les environnements urbains, prenant des formes diverses influencées par une multitude de facteurs économiques, sociaux, culturels et politiques environnants (Harris, 2018), lesquels varient à leur tour selon les régions et les pays.

Ainsi, dans l'analyse de la problématique de l'habitat informel et de l'informalité urbaine, une perspective orientée spécifiquement vers les pays du Sud[2] a été privilégiée, ce qui a conduit à une tendance où les données disponibles[3] semblent favoriser une émancipation des pays du Nord vis-à-vis de ces questions, mettant en évidence une prédominance de la vision de l'informalité du Sud par rapport à celle des pays du Nord (Angel, 2000, p. 329; Arnott, 2009; Durst & Wegmann, 2017; Neuwirth, 2006).

Pour une meilleure compréhension de l'informalité urbaine, il est essentiel de l'aborder de manière pluridisciplinaire en intégrant une diversité d'approches. Cela permet d'explorer les imaginaires collectifs, les acteurs impliqués, les processus sociaux, économiques et politiques qui sous-tendent et façonnent l'informalité.

À partir de cette perspective, nous pouvons parvenir à une compréhension plus large et plus précise des problématiques soulevées en identifiant comment le phénomène de l'habitat informel influence et est influencé par les dynamiques urbaines à une échelle plus vaste. Cela enrichit notre compréhension de ce phénomène mondial et permet d'identifier ses caractéristiques géographiques et sociales nécessaires pour formuler des politiques urbaines plus inclusives et adaptées à la réalité de toutes les sociétés, tant celles du Sud que du Nord.

Dans ce contexte, l'adoption d'une méthodologie d'approche pluridisciplinaire nous offre l’opportunité de traiter à la fois la problématique urbaine et de celle de l'habitat informel en dépassant les limitations et les restrictions imposées par les approches fragmentées. Cette approche nous permettra ainsi de comprendre la complexité de ce phénomène crucial, qui, il est important de le souligner, joue un rôle fondamental dans le tissu social et économique des villes, de manière équivalente.

La conférence propose, ainsi, une exploration approfondie des interactions complexes entre l’habitat, l'urbanité et l'informalité dans différents contextes géographiques. L'objectif est de comprendre dans quelle mesure ces trois éléments entrent en dialogue ou en confrontation, comment ils se définissent ou se recomposent, et ce selon quelles modalités et temporalités propres à chaque pays et à chaque ville.

En se focalisant sur l’impact des constructions informelles au niveau des espaces urbains et péri-urbains, la conférence cherchera à sonder les nouveaux visages de l'informalité et à explorer les imaginaires (perspectives) qui lui sont associés, en accordant une attention particulière à la place de l’habitat informel dans ce processus. Il s'agit, en ce sens, de mieux saisir comment l'informalité s'exprime dans ces environnements spécifiques, et comment les représentations et les perceptions qui l'entourent influencent la manière dont elle se manifeste.

Parallèlement, une analyse approfondie des temporalités liées à l'informalité dans les contextes urbains sera réalisée. Comprendre comment l'informalité évolue dans le temps et s'adapte aux changements sociaux, économiques ou politiques est essentiel pour appréhender ses effets sur les dynamiques urbaines.

La conférence s'intéresse également à mettre l'accent sur les risques et opportunités perçus sur le terrain, résultant des processus des problématiques soulevées, et ce, aussi bien pour ce qui est des problématiques urbaines et/ou de l’habitat informel. En examinant comment ces activités informelles sont perçu et vécues par les acteurs locaux, il sera possible d'identifier les défis et les avantages liés à la problématique abordée dans cette conférence.

De plus, cette conférence tendra à mettre en lumière les domaines, les axes et les niveaux d'interaction avec les intervenants et les acteurs impliqués dans ces processus, qu'ils soient gouvernementaux, communautaires ou issus du secteur privé non officiel. L'accent sera mis sur ceux qui peuvent jouer un rôle dans la promotion ou l'organisation des problématiques urbaines, car la compréhension des interactions engendrées entre ces acteurs est cruciale pour élaborer des politiques et des stratégies plus efficaces dans la gestion des problèmes posés.

En somme, la conférence ambitionne d'offrir un espace de réflexion approfondie sur les liens complexes entre habitat, urbanité et informalité, en se basant sur des études de cas, notamment en Algérie, pour enrichir la compréhension de ces phénomènes. En adoptant une approche comparative et pluridisciplinaire, il vise à contribuer à une meilleure connaissance des défis et des opportunités que soulèvent ces interactions pour les sociétés du Sud et à formuler des recommandations éclairées pour des politiques urbaines plus adaptées et inclusives.



[1] Ce terme fu introduit en (2004) par le Secrétaire Générale des Nations Unis « Kofi Annan » dans l’avant-propos du rapport des Nations Unies intitulé « The Challenge of Slums: Global Report on Human Settlements 2003 », https://unhabitat.org/the-challenge-of-slums-global-report-on-human-settlements-2003.

[2] Malgré la pertinence des données recueillis par les diverses enquêtes déligentées par les Nation Unis notamment pour ce qui est du décomptage des constructions, logements et quartiers informelles dans l’ensemble des pays du monde, nous pouvons constater que ces différents rapports n’incluant d’aucune manière que ce soit dans les multiples enquêtes les pays industrialisés (Arnott, 2009).

[3] Dans son livre « Housing policy matters, a global analysis », S. Angel présente des données chiffrées de 1990 qui mettent en évidence la forte corrélation entre développement économique et production de logement informelle, ce dernier met en évidence que le ratio passe de 64% pour les pays à faible revenue à 0% pour les pays à revenu élevé (Angel, 2000, p. 329; Durst & Wegmann, 2017).

 

 

 
 
 
 
 
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